Comprendre les externalités positives de l’agriculture biologique 

  • Un rapport de l’ITAB (Institut de l’agriculture et de l’alimentation biologiques) publié en juin 2024 permet de faire le point sur les externalités de l’agriculture biologique.
  • Les externalités, ce sont les conséquences d’un système de production pour la société et l’environnement. Elles peuvent être positives ou négatives. 
  • Dans le cas de l’agriculture biologique, le rapport de l’ITAB, qui s’appuie sur un large corpus de publications scientifiques, montre qu’elles sont positives. 
  • Accessible sur le site web de l’ITAB, une note de synthèse en fait la liste dans quatre domaines : la préservation des sols, la préservation de la biodiversité, le climat et la santé humaine. 

C’est quoi l’ITAB ? 

Fondé en 1982, l’Institut de l’agriculture et de l’alimentation biologiques (ITAB) est un organisme de recherche appliquée, dédié au développement de l’agriculture biologique. Reconnu comme association d’utilité publique, il fédère des acteurs professionnels et scientifiques, dont l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (INRAE).  

Sa mission : produire de la connaissance mais aussi la valoriser et la partager afin d’accélérer les transitions. En 2016, il avait ainsi coordonné la rédaction d’un premier rapport visant à évaluer les externalités de l’agriculture biologique, un rapport à l’époque commandé par le ministère de l’Agriculture. 

C’est quoi une externalité ? 

On appelle « externalité » la conséquence, qui peut être positive ou négative pour la société et l’environnement, d’un système de production. Évaluer les externalités de l’agriculture biologique, c’est donc mesurer ses conséquences pour démontrer si elles sont positives ou négatives pour la collectivité.  

C’est aussi comprendre comment elles se positionnent par rapport aux externalités de l’agriculture conventionnelle, l’autre grand système de production agricole, c’est-à-dire si elles sont meilleures, égales ou inférieures. 

Comment a été rédigé le rapport de l’ITAB ? 

Il est le résultat de deux années de travail. Entre mars 2022 et mars 2024, cinq collaborateurs de l’ITAB ont en effet entrepris d’actualiser la note de 2016 en s’entourant de chercheurs issus de grands organismes publics ou privés de recherche, dont l’INRAE, l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM) et l’Institut supérieur d’agriculture Rhône-Alpes (ISARA).  

Leur méthode : la compilation et l’analyse de l’ensemble des publications scientifiques permettant d’objectiver les externalités de l’agriculture biologique dans quatre domaines. Les domaines étudiés : la préservation des sols, la préservation de la biodiversité, le climat et la santé humaine. Certains, présents dans le rapport de 2016, n’ont pas été traités dans cette mise à jour, comme l’impact sur l’emploi. 

Ce qu’il faut retenir du rapport de l’ITAB 

Sur les sols 

  • En interdisant les pesticides de synthèse, l’agriculture biologique restreint, aujourd’hui et pour l’avenir, la contamination des sols par des polluants toxiques, que ce soit sur les terres cultivées en agriculture biologique bien sûr mais aussi sur les espaces non cultivés. Les indicateurs de la biologie des sols sont ainsi supérieurs en bio dans 70 % des cas, tant sur l’abondance ou la diversité des micro-organismes du sol, y compris sur des parcelles avec un travail du sol. 
  • Concernant la qualité des eaux souterraines vis-à-vis des produits phytopharmaceutiques, l’agriculture biologique, qui emploie peu ces derniers, contribue beaucoup moins à la pollution de l’eau. 
  • L’enrichissement en matières organiques des sols en agriculture biologique a un effet généralement positif sur la qualité physique des sols. L’agriculture biologique améliore ainsi le potentiel de résistance des cultures face aux sécheresses avec une disponibilité de l’eau pour les plantes généralement améliorée (jusqu’à 45 % en plus par rapport à l’agriculture conventionnelle). 

Sur la biodiversité 

  • Les parcelles en agriculture biologique hébergent davantage de biodiversité que celles conduites en agriculture conventionnelle. Toutes cultures et groupes taxonomiques confondus, les parcelles en bio ont ainsi une richesse (nombre d’espèces) et une abondance (nombre d’individus) respectivement supérieures en moyenne de 23 % et de 32 %. Les parcelles en bio assurent ainsi un meilleur niveau de service de pollinisation. 
  • Les habitats naturels, tels que les haies, à proximité de parcelles conduites en bio sont de meilleure qualité que ceux à proximité de parcelles en agriculture conventionnelle. 
  • C’est contre-intuitif mais l’interdiction des pesticides de synthèse ne renforce pas l’exposition des cultures biologiques aux agressions. Les niveaux d’infestations d’insectes ravageurs sont équivalents aux parcelles conventionnelles et les niveaux d’infestation de pathogènes sont même inférieurs en bio ! La biodiversité, préservée par le mode de conduite biologique (interdiction de l’usage des pesticides de synthèse), joue en effet un rôle clé dans le fonctionnement des écosystèmes, permettant des niveaux de régulation équivalents à ceux permis par les pratiques conventionnelles. Seule la concurrence exercée par les mauvaises herbes est supérieure en bio. 

Sur le climat 

  • L’agriculture biologique contribue également, à l’échelle des parcelles cultivées, à la réduction des émissions de gaz à effet de serre, responsables du changement climatique. La raison : la différence des pratiques de fertilisation. En bio, les fertilisants de synthèse, fortement émetteurs de gaz à effet de serre, sont interdits. Et l’accumulation de carbone organique dans les sols est plus importante grâce à des pratiques comme la restitution de biomasse par les engrais verts ou l’usage de produits résiduaires organiques tels que les fumiers.  
  • Le rapport précise également que si les conclusions varient selon les catégories de produits en raison de la variabilité des rendements, les productions végétales présentent, à quelques exceptions près, de meilleures performances quelle que soit l’échelle retenue, qu’il s’agisse de la surface (ex. le volume d’émissions de CO2 pour un hectare cultivé) ou du produit final (ex. le volume d’émissions de CO2 pour une unité, une bouteille de vin par exemple ou un kilo de tomate).  
  • Il rappelle aussi que le dernier rapport du Haut Conseil pour le Climat (2024) mentionne explicitement que le développement de l’agroécologie et de l’agriculture biologique pour atteindre 50 % de la surface agricole utilisée fait partie des scénarios permettant de réduire les émissions de carbone de 50 % d’ici 2050.     

Sur la santé 

  • L’agriculture biologique présente aussi de nombreux atouts en matière de santé, notamment pour les populations professionnelles les plus exposées, comme les agriculteurs ou les vignerons, ainsi que sur des populations spécifiques telles que les riverains, les mères pendant la grossesse et les enfants. 
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