Biodiversité : « Dans les parcelles cultivées en agriculture biologique, les indicateurs sont meilleurs »

Un entretien avec Elia Clauzure (LPO)
Fondée en 1912, la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) est une association française reconnue d’utilité publique, visant à la préservation de la biodiversité en milieu agricole, humide, marin ou urbain. Elia Clauzure est chargée d’études agro-biodiversité pour la LPO Occitanie. Sa mission : accompagner les agriculteurs dans des projets de protection ou de restauration de la biodiversité, mais aussi pour favoriser de nouvelles connexions entre agriculteurs et naturalistes ou agriculteurs et citoyens. 

Quel est aujourd’hui l’état de la biodiversité dans le monde et plus spécifiquement dans les milieux agricoles ? 

– On assiste aujourd’hui à un effondrement de la biodiversité, et cela concerne tous les milieux. Au niveau mondial, plus de 40 000 espèces sont menacées d’extinction, c’est 28 % des espèces recensées. Mais si on compare les milieux entre eux, on peut observer que c’est dans les milieux agricoles que la situation est la plus dégradée. En France, la LPO procède à des suivis ornithologiques réguliers pour évaluer l’évolution des populations d’oiseaux au fil du temps : en trente ans, on a ainsi remarqué que les populations d’oiseaux avaient diminué de 6,8 % dans notre pays, mais de 36 % dans les milieux agricoles.  

Comment expliquer ce déclin ? 

– Globalement, la disparition de la biodiversité s’explique par cinq grandes causes : la destruction des milieux notamment par l’artificialisation, la surexploitation des ressources qui aboutit à empêcher un milieu de fonctionner, la pollution de l’eau, de l’air et des sols, le changement climatique et la concurrence d’espèces envahissantes. Les milieux agricoles sont concernés par ces cinq grandes causes. Surtout, l’agriculture est à la fois victime et partie prenante de la perte de biodiversité. En effet, la destruction des haies ou des bandes enherbées, le remembrement, la monoculture, la réduction de la diversité des variétés cultivées, certaines façons de travailler le sol et la contamination des milieux par les engrais et les pesticides de synthèse concourent à l’érosion de la biodiversité. 

Comment enrayer le phénomène ? 

– Il est des modèles de production qui favorisent le maintien de la biodiversité. Par exemple, dans les parcelles cultivées en agriculture biologique, les indicateurs sont meilleurs avec une diversité des espèces et une abondance des populations bien plus élevées. Un couple de mésanges aura une dizaine d’œufs en bio contre un ou deux en conventionnel. La raison : l’impact des engrais et des pesticides de synthèse utilisés en agriculture conventionnelle qui, à la fois, vont avoir un effet sur la physiologie des espèces et vont dérégler toute la chaîne alimentaire en polluant les sols, là où elle commence. Autre exemple : les formes d’agriculture qui préservent les mares, les boisements, les ronciers ou les pierriers permettent à la biodiversité de se développer. 

« L’agriculture est à la fois victime et partie prenante de la perte de biodiversité. »

Comment favoriser ces modèles ? 

– Au sein de la LPO, le programme « Des terres et des ailes » permet aux agriculteurs de bénéficier gratuitement, grâce au soutien du fonds européen FEDER et de la Région Occitanie, d’un accompagnement comprenant la réalisation d’un inventaire, des préconisations adaptées (ce qu’il convient de préserver, de développer ou ajouter en fonction de l’existant) et un soutien pratique sous forme d’un chantier participatif ou de la mise en relation avec des financeurs ou des techniciens. L’idée, c’est de passer d’un cercle vicieux à un cercle vertueux. En viticulture, la mise en place d’un enherbement naturel ou semé entre les vignes va permettre à la biodiversité de se développer en surface, mais aussi en profondeur grâce aux microfissures créées par les racines et l’apport de matière organique. Or, c’est là, avec les invertébrés, les champignons, les mycorhizes, que la vie commence : toutes les plantes, comme la vigne y vont chercher les nutriments qui leur sont vitaux. Et la chaîne alimentaire va se mettre en place : la faune auxiliaire, celle qui assiste l’agriculteur, ne va pas se disperser, elle va rester et croître. 

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